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TABLEAU

donnée à aucun Roi. L’Angleterre étoit plongée dans les désordres d’une révolution. Le parlement, irrité des folles dépenses de Henri III, et de son penchant pour les favoris, s’étoit révolté contre ce prince. Sous prétexte de procurer l’exécution de la grande charte, accordée par son père, ils lui avoient arraché à Oxford le consentement de former une commission de vingt-quatre seigneurs pour réformer le gouvernement. Le comte de Leicester qui, comme on l’a vu, avoit quitté le nom de Montfort, étoit à la tête des rebelles. Les deux partis commencèrent les hostilités ; mais n’ayant obtenu aucun avantage décisif, ils se déterminèrent, par un compromis du 16 décembre 1263, à prendre le roi de France pour arbitre. Henri étoit sûr que Louis ne profiteroit pas de sa position pour lui nuire ; les seigneurs savoient, par les sages lois qu’il avoit données à son peuple, que les principes d’une sage liberté ne lui étoient pas étrangers.

Le roi et la reine d’Angleterre vinrent en France ; les seigneurs y firent passer des députés. Les conférences se tinrent dans la ville d’Amiens, et les deux partis plaidèrent leur cause devant le roi de France. Le 28 janvier 1264, il rendit une sentence pleine de sagesse, et bien faite pour calmer les troubles, si jamais les factions pouvoient entendre le langage de la politique et de la raison. Elle portoit que les statuts d’Oxford seroient annulés comme injurieux à la dignité royale, que toutes les lettres que Henri auroit pu écrire dans cette occasion seroient supprimées, que les seigneurs rendroient les forteresses dont ils s’étoient emparés, que le Roi formeroit son conseil