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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

demeuroit, il souleva le peuple contre ce pontife, qui, attaqué d’une maladie dangereuse, fut obligé de se faire transporter à Pérouse, où il mourut le 2 octobre 1264

Gui Fulcodi, cardinal, évêque de Sabine, légat en Angleterre, fut élu pape. Il n’avoit pu passer dans ce royaume à cause de la guerre civile, et demeuroit à Boulogne-sur-Mer lorsqu’il apprit son élection. Il partit, après avoir vu Charles d’Anjou, et s’être assuré qu’il accepteroit l’investiture du royaume de Naples, aux conditions voulues par le saint Siége. Arrivé en Italie, il se déguisa en mendiant pour ne pas tomber dans les mains de Mainfroy, dont les troupes occupoient tous les passages. Tel fut l’abaissement d’un pontife qui se croyoit en droit de disposer des couronnes. Il arriva heureusement à Pérouse, où il fut couronné le 22 février 1265. Il prit le nom de Clément IV.

Charles d’Anjou, aussi brave que Louis, mais n’ayant pas ses vertus, ambitieux, violent, vindicatif, avoit depuis quelques années le titre de sénateur de Rome. C’étoit une fonction que les Romains confioient à quelque seigneur puissant, chargé de maintenir leurs privilèges. L’usage étoit qu’elle ne durât que deux ans. Mécontens des seigneurs italiens, trop peu puissans pour les protéger efficacement, ils l’avoient donnée à Charles d’Anjou pour sa vie. Ce prince ne s’étoit pas rendu à Rome, mais Jacques de Gausselin y étoit son lieutenant.

Le cardinal de Sainte-Cécile vint en France, offrir à Charles la couronne de Naples. Il leva les scrupules de Louis, en lui prouvant que Conrad avoit été dé-