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TABLEAU

et aux exercices de piété, elle devint tellement familière avec le latin, qu’elle corrigeoit les lettres dans cette langue, que ses chapelains écrivoient en son nom. L’imagination ardente des religieuses de Longchamp, lui attribua plusieurs miracles racontés par celle à qui nous devons l’histoire de sa vie. Nous n’en citerons qu’un, qui pourra servir à montrer combien ces pieuses filles aimoient leur abbesse, et avoient la conviction qu’elle étoit une sainte. La nuit de sa mort, la religieuse dont nous avons les Mémoires, veilla constamment dans sa cellule, placée vis-à-vis du corps de bâtiment qu’occupoit la princesse ; le temps étoit serein, et la religieuse, interrompant souvent ses prières, tantôt contemploit le ciel comme le séjour futur de celle qui étoit mourante, tantôt fixoit ses regards sur les mouvemens qui se faisoient dans l’appartement d’une personne si chère : au moment où le soleil alloit paroître, tout lui sembla tranquille, et elle tomba dans une rêverie profonde ; mais tout-à-coup elle en fut tirée par une symphonie céleste qui porta dans son ame le calme le plus doux et l’attendrissement le plus délicieux. Le jour étoit venu, et c’étoit précisément le moment où la princesse avoit rendu le dernier soupir. La reine Marguerite ne devoit pas suivre son époux ; quoiqu’il eut pour elle l’estime et la tendresse dont elle étoit digne, il ne lui donna point la régence, se souvenant sans doute des murmures que le testament de son père avoit causés, et craignant que son royaume, gouverné par une femme, n’éprouvât pendant son absence, les malheurs dont les talens extraordinaires de la reine Blanche n’avoient pu le préserver. Il nomma régens Mathieu, abbé de Saint-Denis, et Simon, sire