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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

de Nesles : s’ils mouroient, ils devoient être remplacés par Philippe, évêque d’Evreux, et Jean de Nesles, comte de Ponthieu : ils prirent le titre de lieutenans du Roi, et furent chargés de l’exercice entier de la puissance royale. La nomination aux bénéfices fut confiée à un conseil de conscience.

Louis partit de Vincennes en 1270, après avoir fait ses adieux à Marguerite, qui ne sembla pas regretter le pouvoir qu’avoit eu sa belle-mère. Le rendez-vous étoit à Aigues-Mortes, où les vaisseaux génois, qui devoient transporter l’armée, se firent long-temps attendre. Là fut tenu un grand conseil ; on délibéra si l’on attaqueroit de nouveau l’Égypte, ou si l’on iroit au secours de la Syrie. Louis avoit depuis long-temps un projet qu’il ne fit connoître que dans ce moment.

Muley-Mostança, roi de Tunis, avoit entretenu des relations avec lui, et montroit du penchant pour la religion chrétienne, disant qu’il se convertiroit s’il le pouvoit sans compromettre sa sûreté. Louis espéroit qu’en allant en force à Tunis, il fourniroit à ce prince l’occasion de se déclarer. S’il n’étoit pas sincère, la conquête de ses États, que le Roi croyoit facile, favoriseroit le succès de la croisade, en enlevant au sultan d’Égypte les munitions, les recrues et les chevaux qu’il tiroit de ce pays. Cette conquête d’ailleurs seroit utile à la chrétienté, en ce qu’elle couperoit la communication des Mamelucks avec les Maures de Maroc et d’Espagne. Charles d’Anjou, qui avoit fortement appuyé ce plan, n’étoit pas aussi désintéressé que son frère. Le roi de Tunis lui devoit un tribut qu’il ne payoit pas. Ses États étoient l’asyle des mécontens de Naples, et ses flottes menaçoient