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TABLEAU

la Sicile d’une invasion. Charles désiroit donc de profiter de la croisade pour humilier cette puissance.

La flotte française partit enfin d’Aigues-Mortes, et, après avoir relâché à Cagliari, arriva devant Tunis.

Cette ville, située dans le voisinage de l’ancienne Carthage, qui n’étoit plus qu’une petite place défendue par un château, offroit des fortifications formidables. La descente s’opéra près de Carthage, dont on s’empara facilement. On logea dans cette ville les princesses qui avoient courageusement suivi leurs époux. C’étoient Isabelle d’Arragon, femme de l’héritier de la couronne, Yolande de Bourgogne, comtesse de Nevers, Jeanne de Châtillon, comtesse d’Alençon, Isabelle, fille du Roi, reine de Navarre, Jeanne de Toulouse, comtesse de Poitiers, et Anicie de Courtenay, comtesse d’Artois.

Louis, après s’être assuré que le roi de Tunis l’avoit trompé, essaya d’attaquer cette ville ; mais, contre son attente, elle étoit en état de se défendre longtemps, et une population immense sembloit décidée à s’ensevelir sous ses ruines. Il prit donc la résolution d’attendre les renforts que devoit amener le roi de Naples. Mais l’armée se consuma sur un rivage aride ; l’ennui, le découragement s’emparèrent des soldats, et la chaleur devenant excessive, le défaut d’eau pure fit naître des maladies contagieuses, qui moissonnèrent en peu de jours le tiers de l’armée. Le prince Philippe et le roi de Navarre, attaqués les premiers, parvinrent à se rétablir, mais Louis eut le chagrin de voir mourir Jean Tristan, comte de Nevers, cet enfant de la douleur, né à Damiette dans des circonstances encore plus horribles.

Bientôt il tomba malade lui-même, sentit que son