Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
155
DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

laissé le soin de la guerre à in de ses émirs nommé Facardin. Lorsque nous nous sommes approches de Massoure, nous avons trouvé que ces nouvelles étoient vraies.

Près de cette ville, il nous a été impossible d’attaquer les Sarrasins, parce qu’un bras du Nil, appelé Thanis, séparé du principal cours de ce fleuve, couloit entre leur armée et la nôtre. Nous avons donc placé notre camp entre le Nil et le Thanis. Là, ayant encore été attaqués par les Sarrasins, plusieurs d’entre eux ont péri par le fer, et un beaucoup plus grand nombre a été précipité dans les eaux.

Le bras du Nil, appelé Thanis, n’étant pas guéable, nous avons commencé à construire une digue pour le passage de notre armée. Pendant plusieurs jours, nous avons fait d’immenses travaux, dépensé des sommes énormes, et couru de grands dangers. Les Sarrasins mettant toutes sortes d’obstacles à notre entreprise, ont opposé des machines à celles que nous avions élevées ; ils ont renversé les tours de bois que nous avions établies sur la digue, ou les ont brûlées avec le feu grégeois.

Nous avions perdu toute espérance d’achever cette digue, lorsqu’un transfuge de l’armée des Sarrasins est venu nous indiquer un gué peu éloigné, où l’armée chrétienne pourroit passer le fleuve. Après avoir tenu conseil avec nos barons et les principaux chefs de notre armée, il a été décidé à l’unanimité, le lundi avant les Cendres, que le lendemain, mardi gras, de grand matin, nous irions au lieu désigné, en laissant une partie de nos troupes pour garder le camp. Le lendemain donc, arrivant à ce gué, nous y avons traversé le fleuve, non sans de grands dangers, car il étoit plus profond qu’on ne nous l’avoit dit. Il a fallu que nos chevaux se missent à la nage, et gravissent des bords élevés et escarpés.

Après ce passage, nous nous sommes dirigés vers les machines que les Sarrasins avoient élevées contre notre digue.