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TABLEAU

Notre avant-garde les ayant attaqués, plusieurs ont péri par le fer et quelques-uns de leurs émirs ont été au nombre des morts. Alors le désordre s’est mis dans notre armée ; les nôtres, après s’être dispersés dans le camp des ennemis, sont arrivés jusqu’à Massoure, tuant tous ceux qu’ils trouvoient sur leur passage ; mais enfin les Sarrasins ayant aperçu leur imprudence, ont repris courage, les ont entourés de toutes parts, et accablés. Dans cette affaire, nous avons perdu un grand nombre de barons, de chevaliers, de Templiers et d’Hospitaliers, dignes de tous nos regrets. Là est tombé notre cher et illustre frère le comte d’Artois, qui a été privé de cette vie mortelle. Nous devons plutôt le féliciter que le plaindre, car nous sommes certains qu’il a obtenu la couronne de martyr, et qu’il est à présent dans la céleste patrie.

Profitant de ce désordre, les Sarrasins se sont précipités sur nous de tous côtés, nous ont lancé une grêle de traits, et nous ont harcelés jusqu’à neuf heures du soir, pendant que nous n’avions aucune baliste pour les repousser, qu’une partie de nos chevaliers étoient hors de combat, et que le plus grand nombre de nos chevaux étoient tués ou blesses ; cependant, avec l’aide de Dieu, nous avons gardé notre camp et rallié nos troupes.

Nous avons établi notre camp près des machines des ennemis dont nous nous sommes emparés, et nous avons construit un pont pour communiquer avec le reste de notre armée placée au-delà du fleuve. Le lendemain, plusieurs des nôtres ayant reçu l’ordre de s’approcher de nous, se sont établis près de notre camp : nous avons alors détruit les machines des Sarrasins, et nous avons élevé des abris sur le pont, afin qu’on put passer sans danger d’une rive à l’autre.

Le vendredi suivant, les Sarrasins ayant réuni toutes leurs forces, dans le dessein de nous exterminer, nous ont attaqués avec une impétuosité dont nous n’avions pas en-