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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/177

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DE SAINT LOYS.

honneur de tout son povoir, en monstrant la grant humilité qui estoit en lui, et comme il estoit piteable à chacun. Aprés ces choses, le bon Roy appella messeigneurs Phelippe père du Roy qui or[1] est, et aussi le roy Thibault, ses filz : et s’assit à l’uis[2] de son oratoire, et mist la main à terre, et dist à sesditz filz : « Seez-vous icy prés de moy, qu’on ne vous voye. Ha ! Sire, firent-ilz, pardonnez-nous, si vous plaist : il ne nous appartient mye de seoir si prés de vous. Et il me dist : Senneschal, seez vous cy. » Et ainsi le fis-je si prés de lui que ma robbe toucheoit la sienne ; et les fist asseoir emprés moy[3]. Et adonques dist : « Grant mal avez fait, quant vous, qui estes mes enfans, n’avez fait à la première foiz, ce que je vous ai commandé ; et gardez que jamés il ne vous adviengne. » Et ilz luy dirent, que non feroit-il. Et lors il me va dire, qu’il nous avoit appellez pour se confesser à moy, de ce que à tort il avoit défendu et soustenu maistre Robert contre moy. « Mais, fist-il, je le fis, pource que je le vy si tres-esbahy, qu’il avoit assez mestier[4] que lui secourusse et aidasse. Nonobstant que ne le fiz pas pour maistre Robert defendre, et ne le croyez pas aussi ; car ainsi comme dit le senneschal, on se doit vestir bien honnestement, afin d’estre mieulx aimé de sa femme, et aussi que voz gens vous en priseront plus. » Et aussi dit le saige que l’on se doit vestir en telle manière, et porter selon son estat, que les preudes du monde ne puissent dire : Vous en faites

  1. Or : à présent.
  2. Uis : porte.
  3. Emprés moy : auprès de moi.
  4. Mestier : besoin.