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DE SAINT LOYS.

c’est pour nostre prouffit, non point pour le tien, si nous le savions congnoistre et entendre. Par cette menasse, fait le saint Roy, devons nous savoir que si en nous a aucune petite chose desplaisante à Dieu, que nous la devons hastivement ouster : et aussi à semblable ce que savons lui plaire à estre fait, soigneusement et à diligence le devons nous faire et accomplir. Et si ainsi le faisons, nostre Seigneur nous donnera plus de bien en ce monde et en l’autre, que n’en sçaurions deviser[1]. Aussi, si autrement faisons, il nous fera comme le seigneur fait à son mauvais sergent[2] ; car si le mauvais sergent ne se veult chastier pour la menasse de son seigneur, sondit seigneur le fiert[3] en corps, en biens, et jusques à la mort, ou pis si possible estoit. Donques si fera nostre Seigneur au mauvais pecheur, qui pour sa menasse ne se veult amender. Car il le frappera en soy ou en ses choses cruellement. »

Le bon saint homme Roy se efforça de tout son povoir à me faire croire fermement la loy chrestienne que Dieu nous a donnée, ainsi que vous orrez. Et disoit que nous devons si fermement croire les articles de la foy, que pour nul meschief[4] qu’on nous peust faire au corps, nous ne devons aller, faire, ne dire au contraire. Et outre, disoit que l’ennemy de humaine nature, qui est le deable, est si subtil, que quant les gens meurent il se travaille de tout son povoir à les faire mourir en aucune doubte des articles de la foy. Car il voit et congnoist bien que il


  1. Deviser : exprimer.
  2. Sergent : serviteur.
  3. Fiert : frappe.
  4. Meschief : mal, malheur.