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Roy, tant qu’il en peut finer, et se tindrent à Lesignen lez Poitiers. Le bon Roy eust bien voulu estre à Paris. Et lui fut force de sejourner à Poitiers quinze jours, sans qu’il osast sortir. Et disoit-on que le Roy et le conte de Poitiers avoient fait mauvaise paix au conte de la Marche. Parquoy il convint que le Roy, pour s’accorder, allast parler au conte de la Marche et à la royne d’Angleterre sa femme, qui estoit mere du roy d’Angleterre.

Et tantoust aprés que le Roy s’en fut retourné de Poitiers à Paris, ne tarda gueres que le roy d’Angleterre et le conte de la Marche se allierent à ung[1] à guerroier contre le bon roy saint Loys, et à tout moult grant compaignie de guerre, tant qu’ilz en peurent amasser. Et se rendirent de Gascoigne devant le chastel de Taillebourc, qui est assis sur une tres-malle riviere, qu’on appelle Carente[2], en laquelle n’avoit là prés que ung petit pont de pierre bien estroit par où l’on peust passer. Et quant le Roy le sceut, il s’avança d’aller vers eulx à Taillebourc. Et si toust comme nos gens apperceurent les gens de l’ost[3] de noz ennemis, qui avoient le chastel de Taillebourc de leur cousté, incontinant moult perilleusement se prindrent à passer les ungs par dessus le pont, les autres par bateaux, et commancerent à courir sur les Anglois. Et tantoust y eut de grans coups donnez. Quoy voiant le bon Roy, il se va en grant peril mettre parmi les autres. Et y estoit le peril moult grant. Car pour ung homme que le Roy avoit quant il fut passé, les Anglois en avoient bien cent. Mais ce nonobstant, quant

  1. A ung : ensemble.
  2. Carente : Charente.
  3. Ost : armée.