Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/245

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escu hors de mon coul ; et passoient par dessus moy, cuidans que fusse mort, dont il n’en failloit gueres. Et quant furent passez, messire Errart mon compaignon me vint relever sus, et nous en allasmes jusques aux murs de celle maison deffaite. A ces murs de maison se rendirent à nous messire Hugues d’Escossé, messire Ferreys de Loppei, messire Regnault de Menoncourt, et autres plusieurs. Et là nous vindrent assaillir les Turcs de plus belle de toutes pars. Et en descendit une partie d’eulx dedans la maison où nous estions, et longuement furent bataillans contre nous à la pointe. Lors mes chevaliers me baillerent cheval qu’ilz tenoient de paeur qu’il s’enfuit. Et eulx de nous defendre vigoureusement contre les Turcs, et en telle maniere, que grandement louëz en furent de plusieurs preudes homs qui les veoient. Là fut navré messire Hugues d’Escossé de trois grans plaies ou visage et ailleurs. Messire Raoul, et messire Ferreis à semblable, fut chacun d’eulx blecié par les espaules, tellement que le sang sortoit de leurs plaies tout ainsi que d’un tonneau sort le vin. Messire Errart d’Esmeray fut navré parmy le visaige d’une espée qui luy trancha tout le neys, tant qu’il luy cheoit sur la bouche. Adonc en celle destresse me souvint de monseigneur saint Jaques, et lui dis : « Beau sire saint Jaques, je te supply aide moy, et me secours à ce besoing. » Et tantoust que j’eu fait ma priere, messire Errart me dist : « Sire, si vous ne pensiez que je le feisse pour m’enfuir et vous habandonner, je vous allasse querir monseigneur le conte d’Anjou que je voy là en ces champs. » Et je lui dis : « Messire Errart, vous me feriez grant honneur et grant