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histoire

drions estre délivrez des mains du Souldan, ou avoir jà fait et enduré ce que possible seroit par raison. Et lors le conseil du Souldan demanda au conte de Bretaigne si nous vouldrions point donner pour nostre délivrance aucuns des chasteaux et places appartenans aux barons d’oultre mer. Et le Conte respondit que ce ne povoyons nous faire. La raison si estoit pource que lesdiz chasteaux et places estoient tenuz de l’empereur d’Almaigne, qui lors estoit : et que jamais il ne consentiroit que le Souldan tiensist rien soubz lui. Derechief demanda le conseil du Souldan si nous vouldrions randre nulz des chasteaux du Temple ou de l’Ospital de Rodes, pour nostre délivrance. Et le Conte respondit qu’il ne se povoit faire ; car ce seroit contre le serement acoustumé, qui est que, quant on met les chastellains et gardes desdiz lieux, ilz juroient à Dieu que pour la délivrance de corps de homme ilz né rendroient nulz desdiz chasteaux. Et les Sarrazins ensemble respondirent qu’il sembloit que nous n’avions nul tallent[1] ne envie d’estre délivrez : et qu’ils nous iroient envoier les joueux d’espées, qui nous feroient comme aux autres. Et sur ce s’en allerent. Et tantoust après que le conseil du Souldan s’en fust allé, veez-cy venir à nous ung grant viel Sarrazin de grant apparence, lequel avoit avecques lui une grant multitude de jeunes gens Sarrazins qui tous avoient chacun une espée ceinte au cousté, dont fusmes tous effroiez. Et nous fist demander celui anxien Sarrazin par un trucheman qui entendoit et parloit nostre langue, s’il estoit vray que nous créussions en ung seul Dieu qui

  1. Tallent : désir.