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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

proie à une foule de passions différentes, il étoit capable des plus fausses démarches, et de toutes les espèces d’indiscrétions.

Le premier soin de Blanche fut de hâter le couronnement de son fils. Les seigneurs furent convoqués à Reims pour le 29 novembre. La ligue des mécontens n’étant pas encore formée, plusieurs obéirent en murmurant : d’autres, et ce fut le plus petit nombre, restèrent chez eux. Pierre Mauclerc, l’un des plus ardens, prit ce dernier parti. Thibaut de Champagne, dans la position difficile où il se trouvoit, après plusieurs irrésolutions, se mit en route ; mais la Régente, instruite des bruits qui couroient sur ce prince, craignant que la présence de celui qu’on accusoit faussement d’avoir empoisonné le Roi, ne troublât l’auguste cérémonie, ou du moins n’y causât un affreux scandale, lui envoya l’ordre de se retirer. Il se soumit, et la comtesse sa femme arriva seule à Reims ; la comtesse de Bretagne s’y rendit aussi, malgré les protestations de son époux. Le comte de Boulogne, oncle du Roi, à qui la régence appartenoit de droit, si Louis VIII n’y eut appelé Blanche, cacha son ressentiment, et parut entièrement résigné : il craignoit la délivrance de son beau-père : le même motif amena la comtesse de Flandre. Le comte de Toulouse, en guerre ouverte avec le Roi, ne demanda point de trève.

Au milieu de toutes ces semences de troubles, le sacre se fit avec une grande magnificence, vingt et un jours après la mort de Louis VIII. On exprimeroit difficilement l’effet que cette cérémonie produisit sur les peuples. On voyoit un enfant de douze ans, de la