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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/32

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TABLEAU

figure la plus noble et la plus touchante, que la Providence appeloit sur un trône ébranlé par les factions, et qui n’avoit d’appui qu’une mère aussi intéressante que lui, dont la présence inspiroit, il est vrai, l’amour et le respect, mais qui n’avoit pas encore déployé sur un grand théâtre cette force de caractère, cette profonde connoissance de la politique, qualités renfermées jusqu’alors dans sa famille, et que son époux seul avoit pu remarquer.

Le siége de Reims étant vacant, Jean de Bazoche, évêque de Soissons, l’un des suffragans, fit la cérémonie. Les comtesses de Champagne et de Flandre se disputèrent l’honneur de porter l’épée devant le Roi : la Régente décida que cet honneur appartenoit au comte de Boulogne, qu’elle avoit intérêt de ménager. À cette cérémonie se trouvoit un prince dont nous avons beaucoup parlé dans le premier volume de cette collection : Jean de Brienne, roi de Jérusalem, que sa haute réputation de valeur devoit appeler deux ans après au trône de Constantinople, vit l’aurore du règne de saint Louis.

Après le sacre, la plupart des seigneurs rapportèrent dans leurs châteaux un mécontentement plus grand encore que celui qu’ils avoient éprouvé en apprenant les dernières dispositions de Louis VIII. Réunis à Reims, ils s’étoient excités mutuellement, et la ligue s’étoit formée sous les yeux mêmes de la Reine. Aussitôt ils avoient négocié avec Henri III, roi d’Angleterre, qui vouloit profiter de la minorité pour recouvrer la Normandie, confisquée sur Jean-sans-Terre par Philippe-Auguste. Le comte de Boulogne, oncle du Roi, étoit l’ame de cette faction : il n’osoit