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histoire

dirent qu’ilz estoient de l’opinion de messire Guy Malvoisin. Mais bien fut contraint le conte de Japhe, qui avoit des chasteaux oultre mer, de dire son opinion de ceste affaire : lequel, aprés le commandement du Roy, dist que son opinion estoit que si le Roy povoit tenir maison aux champs, que ce seroit son grant honneur de demeurer, plus que de s’en retourner ainsi vaincu. Et moy, qui estois bien le quatorziesme là assistant, respondy en mon ranc que je tenoie l’opinion du conte de Japhe. Et disoie, par ma raison, que l’on disoit que le Roy n’avoit encore mis ne emploie nulz des deniers de son trésor, mais avoit seullement despencé les deniers des clercs de ses finances ; et que le Roy devoit envoier querir, és païs de la Morée et oultre mer, chevaliers et gensd’armes à puissance ; et que quant on oirra dire qu’il donnera largement de gaiges, il aura tantoust recouvert gens de toutes pars, et par ce pourra le Roy délivrer tant de pouvres prinsonniers qui ont esté prins au service de Dieu et du sien, que jamais n’en ystront[1] s’il s’en va ainsi. Et sachez, que de mon opinion ne fuz-je mie reprins ; mais plusieurs se prindrent à plorer : car il n’y avoit gueres celui qui n’eust aucun de ses parens prinsonnier es prinsons des Sarrazins. Après moy monseigneur Guillaume de Relmont dist, que mon opinion estoit tres-bonne, et qu’il se accordoit à ce que j’avoie dit.

Après ces choses, et que chascun eut respondu endroit soy, le Roy fut tout troublé pour la diversité des opinions de son conseil, et print terme d’autres huit jours de déclarer ce qu’il en vouldroit faire.

  1. Ystront : sortiront.