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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

se déclarer ; mais, en cas de succès, la régence lui étoit promise.

De retour chez eux, les seigneurs firent connoître leurs prétentions. Ayant à leur tête les comtes de Bretagne, de la Marche, de Champagne et de Toulouse, ils déclarèrent qu’ils vouloient qu’on mît en liberté les comtes Ferrand et Renaud, et qu’on rendît toutes les terres usurpées sous les deux derniers règnes. Ces propositions n’étoient qu’un prétexte pour se faire des partisans. Leur véritable but étoit de renverser la Régente, et de confier le pouvoir au comte de Boulogne, dont ils attendoient toute sorte de concessions. Le comte de Toulouse, contre lequel Louis VIII, au moment de sa mort, poussoit vivement la guerre, venoit de repousser loin des murs de sa capitale, Imbert de Beaujeu, commandant des troupes royales ; et ce succès donnoit aux mécontens les plus grandes espérances.

Blanche, malgré les dangers dont elle étoit menacée, rejeta les demandes des seigneurs. Elle s’empressa de lever une armée ; et joignant l’art des négociations aux préparatifs de la guerre, elle parvint non-seulement à se faire de nouveaux partisans, mais à porter la division parmi ses ennemis. Robert, comte de Dreux, frère du comte de Bretagne, Hugues IV, duc de Bourgogne, embrassèrent ses intérêts. Elle mit en liberté Ferrand, comte de Flandre, persuadée qu’instruit de la conduite qu’avoit tenue son épouse pendant sa captivité, il se réconcilieroit difficilement avec elle, et que les troubles domestiques de cette famille, l’empêcheroient de se mêler des troubles de l’État. Elle retint dans sa prison le malheu-