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histoire

ment de leur loy cy-dessus. Et quant ilz maudisent leurs enfans, ilz leur disent : « Mauldit soies tu comme l’enfant qui s’arme, de paeurs de la mort.» Laquelle chose ilz tiennent à grant honte, qui est une grant erreur. Car il sembleroit que Dieu n’auroit povoir de nous allonger ou abregier la vie, et qu’il ne seroit pas tout-puissant : ce qu’est faux ; car en lui est toute puissance.

Et saichez, que quant frere Yves le Breton fut devers le Viel de la Montaigne, là où le Roy l’avoit envoie, il trouva au chevet du lit d’icelui prince de la Montaigne ung livret, ouquel y avoit en escript plusieurs belles parolles, que Nostre Seigneur autresfoiz avoit dictes à monseigneur saint Pierre, lui estant sur terre, avant sa passion. Et quant frere Yves les eut leuës, il lui dist : « Ha ! â, Sire, moult feriez bien si vous lisiez souvent ce petit livre ; car il y a de très-bonnes escriptures.» Et le Viel de la Montaigne lui dist que si faisoit-il, et qu’il avoit moult grant fiance en monseigneur saint Pierre. Et disoit que au commencement du monde l’ame d’Abel, quant son frère Cayn l’eut tué, entra depuis ou corps de Noé : et que l’ame de Noé, après qu’il fut mort, revint ou corps de Abraham ; et depuis, l’ame d’Abraham est venuë ou corps de monseigneur saint Pierre, qui encore y est en terre. Quant frere Yves le ouyt ainsi parler, il lui remonstra que sa créance ne valoit riens, et lui enseigna plusieurs beaux ditz, et des commandemens de Dieu ; mais onques n’y voulut croire. Et disoit frere Yves, ainsi que je lui ouy compter au Roy, que quant celui prince des Beduins chevauchoit aux champs, il avoit ung homme devant