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histoire

qu’ilz se meissent en peril, le seigneur d’Asur les fist retirer par ung jeune chevalier, qui estoit de Gennes.

Et ainsi que celui chevalier de Gennes retiroit celles gens de pié, ung Sarrazin vint à lui tout effraié[1], et esmeu en courage. Et lui dist, en son sarrazinois, qu’il jousteroit à lui s’il vouloit. Et le chevalier lui respondit fierement, que tres-voulentiers le receveroit. Et quant il voulut sus courir à icelui Sarrazin, il apperceut illecques prés à sa main senestre huit ou neuf Sarrazins qui s’estoient là demourez pour veoir qui gaingneroit d’icelui tournay. Et le chevalier lessa à courir sus au Sarrazin à qui il devoit jouster, et print sa course au tropel des huit Sarrazins. Et en ferit ung parmy le corps, et le percza d’oultre en oultre de sa lance, et mourut tout roide. Et il s’en retourne à noz gens ; et les autres Sarrazins lui acoururent sus : et y en eut ung, qui lui donna un grant coup de masse sur son haubert. Et le chevalier, au retour qu’il fist, donna au Sarrazin qui l’avoit frappé ung tel coup d’espée sur la teste, qu’il lui fist saillir les toailles qu’il avoit en la teste jusques à terre. Et saichez que de celles touailles ils recevoient de grans coups. Pourtant les pourtoient-ilz quant ilz alloient en bataille, et sont entortillées l’une sur l’autre durement. Lors ung autre Sarrazin cuida descendre ung grant coup de son glaive turquin sur le chevalier : et il gyncha[2] tant, que le coup ne l’ataignit mie. Et au retour que fist le Sarrazin, le chevalier lui donna une arriere-main de son espée parmy le braz, qu’il lui fit voiler le glaive à

  1. Effraié : irrité.
  2. Il gyncha : il l’esquiva.