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de saint loys.

ses gens estoient pressez, incontinant il les renfoiçoit de gens. Et pareillement faisoit le maistre des arbalestriers, quant il veoit que ses gens estoient des plus febles. Et durant que nous estions ainsi combatans, le legat et les barons du pais disdrent au Roy que grant folie estoit dont il m’avoit lessé aller aux champs. Et lors commanda que l’on me viensist quérir, et aussi le maistre des arbalestriers. Et adonc se despartirent les Turcs, et nous en revinsmes en l’ost. Et moult de gens s’esbahissoient dont les Turcs nous avoient lessez en repoux, sans nous avoir couru sus. Sinon que aucuns disoient que ce avoit esté pour ce que leurs chevaulx estoient tous affamez de ce qu’ilz s’estoient tant tenuz à Gadres, là où ilz furent bien ung an entier.

Les autres Turcs qui estoient partiz de devant Japhe s’en vindrent devant Acre. Et mandèrent au seigneur d’Asur[1], qui estoit connestable du royaume de Jerusalem, qu’il leur envoiast cinquante mil besans, ou qu’ilz destruiroient les jardrins de la ville. Et le seigneur d’Asur leur manda qu’il ne leur envoieroit riens. Lors ilz arrangerent leurs batailles, et s’en vindrent le long des sables d’Acre si prés de la ville, qu’on eust bien tiré jusques en la ville avec une arbaleste de tour. Et adonc sortit hors de la ville le seigneur d’Asur, et s’en alla mettre au mont là où estoit le cymetiere de saint Nicolas, pour deffendre les jardrins. Et quant les Turcs approucherent, il sortit de noz gens de pié d’Acre, qui leur commancerent à tirer d’arcs et d’arbalestres à grant force. Et de paeurs

  1. Asur : ville maritime près de Jaffa. Cette ville appartenoit à la maison d’Ibelin.
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