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de saint loys.

Gilles le Brun, qui estoit lors connestable de France : lequel s’en vint tantoust à moy me prier que je voullisse reprandre celui mon chevalier, et que grant repentence avoit-il de sa folie. Et je lui dis que je n’en ferois jà riens, premier que le legat m’eust donné absolucion du serement que j’en avois fait. Et le connestable s’en alla devers le legat lui compter tout le cas, et lui requerir qu’il me voulsist absouldre du jurement que j’avois fait. Et le legat lui respondit qu’il n’avoit povoir de me absoudre, veu que à bon droit j’avoie fait le serement : et qu’il estoit raisonnable, par ce que le chevalier l’avoit grandement desservy. Et ceste chose ay-je voulu escripre és faitz de ce petit livret, affin de donner exemple à chascun qu’on ne face serement, s’il n’avient à faire de raison. Car le saige dit que qui voulentiers et à coup jure, souvent il se parjure.

L’autre jour ensuivant, le Roy et son ost s’en alla devant la cité de Sur, qui est appellée Thiry en la Bible. Et fut le Roy pareillement entalenté[1] d’aller prandre une cité, qui estoit illecques prés, qu’on appelloit Belinas. Et lui conseillèrent ses gens qu’il le devoit faire, mais qu’il n’y devoit point estre ; et ad ce s’acorda à grant paine. Et fut appointé que le conte d’Anjou yroit, et messire Phelippes de Montfort, le sire de Sur messire Gilles le Brun connestable de France, messire Pierre le Chambellan, les maistres du Temple et de l’Ospital, leur gensd’armes. Et puis sur la nuyt nous nous armasmes, et veinsmes ung peu aprés le point du jour en une plaine qui estoit devant la cité de Belinas, appellée en l’anxienne

  1. Fut…entalenté : eut envie.