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de saint loys.

et promesses. Dont le commun ne ouzoit habiter ou royaume de France, et estoit lors presque vague. Et souventesfoiz n’avoit-il aux pletz de la prevosté de Paris, quant le prevost tenoit ses assises, que dix personnes au plus, pour les injustices et abusions qui se y faisoient. Pourtant ne voulut-il plus que la prevosté fust venduë, ains estoit office[1] qu’il donnoit à quelque grant sage homme, avecques bons gaiges et grans. Et fist abolir toutes mauvaises coustumes dont le povre peuple estoit grevé auparavant. Et fist enquerir par tout le païs là où il trouveroit quelque grant sage homme qui fust bon justicier, et qui pugnist estroictement les malfaicteurs, sans avoir esgard au riche plus que au povre. Et lui fut amené ung qu’on appelloit Estienne Boyleauë[2], auquel il donna l’office de prevost de Paris : lequel depuis fist merveilles de soy maintenir oudit office. Tellement que désormais n’y avoit larron, murtrier, ne autre mal-faicteur, qui ozast demourer à Paris, que tantoust qu’il en avoit congnoissance, qui ne fust pendu, ou pugny à rigueur de justice, selon la quantité du mal-faict. Et n’y avoit faveur de parenté ne d’amys, ne or, ne argent, qui l’en eust peu garentir : et grandement fist bonne justice. Et finablement par laps de temps le royaume de France se multiplia tellement, pour la bonne justice et droicture qui y regnoit, que

  1. Ains estoit office : mais c'étoit un office.
  2. Estienne Boyleauë : Un historien du temps dit qu’il fit pendre un sien filleul, parce que la mère lui dit qu’il ne pouvoit s’empêcher de voler ; et un sien compère, parce qu’il avoit nié une somme d’argent que son hôte lui avoit baillée à garder. La famille de Boyleauë existoit encore, du temps de Du Cange, à Paris et dans l’Anjou.