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histoire

le dommaine, cencifz, rentes et revenuz du royaume croissoit d’an en an de moitié ; et en amenda moult le royaume de France.

Dés le temps de son jeune eage fut-il piteux des pauvres et des souffreteux : et tellement se y accoustuma, que quant il fut en son regne il avoit tousjours communément six-vingts pouvres qui estoient repeuz chascun jour en sa maison, quelque part qu’il fust. Et en caresme le nombre des povres croissoit, et souventesfoiz les lui ay veu servir lui mesmes : et leur faisoit donner de ses propres viandes. Et quant ce venoit aux festes annuelles, le jour des vigiles, avant qu’il beust ne mengeast, il les servoit. Et quant ilz estoient repeuz, ilz emportoient tous certaine somme de deniers. Et, à bref dire, faisoit le roy saint Loys tant d’aumosnes, et de si grandes, que à paine les pourroit-on toutes dire et declairer. Dont y eut aucuns de ses familiers qui murmuroient de ce qu’il faisoit si grans dons et aumosnes, et disoient qu’il y despendoit moult. Mais le bon Roy respondoit qu’il aimoit mieulx faire grans despens à faire aumosnes, que en boubans et vanitez. Ne pour quelque grans aumosnes qu’il feist, ne laissoit-il à faire grant despence et large en sa maison, et telle qu’il appartenoit à tel prince : car il estoit fort liberal. Et aux Parlemens et Estatz qu’il tint à faire ses nouveaux establissemens, il faisoit tous servir à sa court les seigneurs, chevaliers, et autres, en plus grant habondance et plus haultement que jamais n’avoient fait ses predecesseurs. Il aymoit moult toutes manieres de gens qui se mectoient au service de Dieu. Dont il a depuis fondé et fait plusieurs beaux monasteres et maisons de religion