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histoire

davant. Parquoy je creu que c’estoit prophecie. Ce fait, le roy de France et le roy de Navarre me pressoient fort de me croisser, et entreprandre le chemin du pelerinage de la croix. Mais je leur repondi que tandis que j’avois esté oultre mer ou service de Dieu, que les gens et officiers du roy de France avoient trop grevé et foullé mes subgetz, tant qu’ilz en estoient apovriz : tellement que jamais il ne seroit que eulx et moy ne nous en santissons. Et veoie clerement, si je me mectoie au pellerinage de la croix, que ce seroit la totale destruction de mesdiz pouvres subgetz. Depuis ouy-je dire à plusieurs que ceulx qui lui conseillerent l’entreprinse de la croix firent ung tres-grant mal, et pecherent mortellement ; car tandis qu’il fut ou royaume de France, tout son royaume vivoit en paix, et regnoit justice. Et incontinant qu’il en fut hors, tout commença à decliner et à empirer. Par autre voie firent-ilz grant mal : car le bon seigneur estoit si tres-feble et debilité de sa personne, qu’il ne povoit souffrir ne endurer nul harnois sur lui, et ne povoit endurer estre longuement à cheval. Et me convint une foiz le porter entre mes braz depuis la maison du conte d’Auserre jusques aux Cordeliers, quant nous mismes à terre au revenir d’oultre mer.

Du chemin qu’il print pour aller jusques à Tunes, je n’en escripray riens, parce que je n’y fu pas. Et ne veulx mectre ne escripre en ce livre aucune chose de quoy je ne sois certain. Mais nous dirons du bon roy saint Loys que quant il fut à Tunes devant le chastel de Cartaige, une maladie de flux de ventre le print. Et pareillement à monseigneur Phelippes son filz aisné print ladite maladie avecques les fievres