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histoire

ment, de cueur et de bouche ; et par especial à la messe, depuis que la consecracion du corps nostre Seigneur sera, sans bourder[1] ne truffer[2] avecques autrui. Aies le cueur doulx et piteux aux povres, et les conforte et aide en ce que pourras. Maintien les bonnes coustumes de ton Royaume, et abbaisse et corrige les mauvaises. Garde-toy de trop grant convoitise, ne ne boute pas sus trop grans tailles ne subcides à ton peuple, si ce n’est par trop grant necessité, pour ton Royaume deffendre. Si tu as en ton cueur aucun malaise, dy-le incontinant à ton confesseur, ou à aucune bonne personne qui ne soit pas plain de villaines parolles. Et ainsi legerement pourras pourter ton mal, par le reconfort qu’il te donnera. Prens toy bien garde que tu aies en ta compaignie preudes gens et loiaux, qui ne soient point plains de convoitise : soient gens d’eglise, de religion, seculiers, ou autres. Fuy la compaignie des mauvais, et t’efforce d’escouter les parolles de Dieu, et les retien en ton cueur. Pourchasse continuellement prieres, oraisons, et pardons. Ame ton honneur. Gardes toy de souffrir autrui qui soit si hardi de dire devant toi aucune parolle qui soit commencement d’esmouvoir nully à peché : ne qui mesdie d’autrui darrieres ou devant, par detraction. Ne ne seuffre aucune villaine chose dire de Dieu, de sa digne mère, ne de saint ou sainte. Souvent regracie Dieu des biens et de la prosperité qu’il te donnera. Aussi fais droicture, et justice à chascun ;

  1. Bourder : railler, dire des sornettes.
  2. Truffer : dire des paroles inutiles.