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variantes

que j’avois amenés en Égypte, qu’un jeune enfant, qui avoit nom Barthélémy, et estoit fils bastard de monsieur Amé de Montbelliar seigneur de Monfaucon, du quel je vous ay parlé cy-devant. Et ainsi que j’estois là attendant, il me vint un jeune compagnon, qui portoit une cotte vermeille à deux royes jaunes, qui me salua, et me demanda si je le connoissois point : et je lui respondis que non : alors, il me va dire qu’il estoit natif du chasteau Descler, qui estoit à mon oncle : et me demanda si je le voulois retenir à mon service, et qu’il n’avoit point de maistre : ce que je lui accordai très bien, et le retin mon varlet. Tantost il m’alla querir des coiffes blanches, et me pigna moult bien. Après cella, le Roy m’envoia querir pour disner, et menai quant et moy mon nouveau varlet : lequel couppa devant moy, et trouva maniere d’avoir vivres pour lui et pour le jeune enfant. Après le disner, celui nouveau varlet, qui s’appelloit Guillemin, m’avoit pourchassé un logis tout auprés des bains, affin de me nettoier de l’ordure et salleté que j’avois gaignée en la prison : et quand se vint sur le soir, il me mist dans les bains ; mais aussi-tost que je fus entré dedans, le cœur me pasma, et m’en allai à l’envers en l’eau : en sorte qu’à grand’peine me peut-on tirer vif, et m’apporter jusques en ma chambre. Et devez sçavoir que je n’avois aucun accoustrement qu’une pouvre jaquette, n’aucuns deniers pour en avoir, ne pour me gouverner en ma maladie : qui me donnoit si grand’tristesse en mon ame, que j’estois plus tourmenté de me voir en telle extréme indigence, que de me sentir si griefvement malade come j’estois. Come j’estois en telle perplexité, de bonne heure me vint voir un che-