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variantes

valier qui avoit nom messire Pierre de Bourbrainne, lequel, me voyant en si piteus estat, me réconforta à son pouvoir, et me fist delivrer des draps pour me vestir, par un marchant de la ville d’Acre, et lui-mesme respondit pour moy au marchant. Et quant se vint au bout de trois jours, que je fus un peu guari et renforcé, je m’en allai devers le Roy, lequel me blasma fort dont j’avois esté si long-temps sans le voir : et m’enchargea, sur tant que j’avois son amour cher, que je demourasse à manger avec lui soir et matin, jusques à tant qu’il eust advisé si nous en irions en France, ou demeurerions là. Tandis que je fus là avec le Roy, je me complaignis à lui de messire Pierre de Courcenai, qui me devoit quatre cens livres de mes gages, qu’il ne me vouloit paier ; mais le Roy me fist delivrer incontinent ladite somme de quatre cens livres ; de quoy je fus bien joyeus, car je n’avois pas un povre denier. Quant j’eu receu mon argent, messire Pierre de Bourbraine, que j’avoie retenu avec moy, me conseilla que je n’en retinsse que quarante livres pour ma despense, et que je baillasse en garde le demourant au commandeur du palais du Temple : ce que je fis volontiers. Et quant j’eu despendu ces quarante livres, j’en envoiai querir autres quarante : mais le commandeur du Temple me manda qu’il n’avoit aucuns deniers qui fussent à moi, et, qui pis estoit, qu’il ne me connoissoit point. Quant j’eu entendu cette response, je m’en allai vers le maistre du Temple, qui avoit nom frere Regnaut de Bichiers, auquel j’apportois nouvelles du Roy ; et puis après lui di mon infortune, et me plaignis à lui du commandeur du palais, qui ne me vouloit rendre mes deniers que je