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variantes

monseigneur de Bollainmont mon cousin germain, que Diex absoille, me dit quant je m’en alai outremer. « Vous en alez outremer, fist-il, or vous prenés garde au revenir ; car nulz chevaliers, ne povres ne richez, ne peut revenir que il ne scet[1] honni, se il laisse en la main des Sarrazins le peuple menu Nostre-Seigneur, en laquelle compaingnie il est alé.» Le legat se courouça à moy, et me dit que je ne le deusse pas avoir refusé.

(P. 316, lig. 25.) Après moy demanda le legat à monseigneur Guillaume de Biaumont, qui lors estoit mareschal de France ; et il dit que j’avoie moult bien dit : « et vous dirai rèson pourquoy.» Monseigneur Jehan de Biaumont le bon chevalier, qui estoit son oncle et avoit grant talent de retourner en France, l’escria moult felonnessement[2] et li dit : « Orde longaingne[3], que voulez-vous dire ? raséez-vous tout quoy[4].» Le Roy li dit : « Mesire Jehan, vous fetes mal ; lessiés li dire.» « Certes, Sire, non ferai.» Il le convint taire[5]. Ne nulz ne s’acorda onques puis à moy, ne mès que[6] le sire de Chatenai.

(P. 317, lig. 17.) Et tenoie mes bras parmi les fers de la fenestre, et pensoie que se le Roy s’en venoit en France, que je m’en iroie vers le prince d’Antioche, qui me tenoit pour parent, et qui m’avoit envoié querre jusques

à tant que une autre ale[7] me venist ou pays : parquoy les prisonniers feussent délivré, selonc le

  1. Scet : soit.
  2. L’escria moult felonnessement : le reprit en termes injurieux.
  3. Orde longaingne : sale excrément.
  4. Raséez-vous tout quoy : asseyez-vous sans parler davantage.
  5. Il le couvint taire : il fut forcé de se taire.
  6. Ne mès que : sinon.
  7. Ale, lisez alée : passage, armée de Croisés.
2.
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