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variantes

sien, et je en prenrai un.» Chascun en prist un, et se combatoient de l’avoir. Quant le povre chevalier vit ce, il et sa femme il commencierent à plorer de joie. Or avint ainsi que quant le conte d’Eu revint de manger de l’ostel le Roy, il vint veoir les riches homes qui estoient en mon hostel, et me tolli[1] le mien enfant, qui estoit de l’aage de douze ans, lequel servi le conte si bien et si loialement, que quant nous revenimes en France le Conte le maria et le fist chevalier ; et toutes les foiz que je estoie là où le conte estoit, à peinne se pooit departir de moy, et me disoit ; « Sire Dieu le vous rende ; car à cest honneur m’avez vous mis.» De ces autres trois freres ne sai-je que il devindrent.

(P. 371.) Madame Marie de Vertus, moult bone dame et moult sainte femme, etc.[2].

(P. 371.) Aprés que je fus parti de la chambre du Roy, madame Marie de Bonnes-vertus me vint prier que j’alasse devers la Royne pour la reconforter, et qu’elle menoit un merveilleus deuïl. Quant je fu en sa chambre, et que je la vy pleurer si amerement, je ne me peus tenir de lui dire qu’il estoit bien vray qu’on ne doit mie croire femme à pleurer, car le deüil qu’elle menoit estoit pour la femme qu’elle haioit plus en ce monde. Et lors elle me dit que ce n’estoit pas pour elle qu’elle pleuroit ainsi, mais que c’estoit pour la grant mesaise en quoi le Roi estoit, et aussi pour leur fille, qui estoit demeurée en la garde des hommes : laquelle fut depuis royne de Navarre. Et la cause pourquoi la Royne n’aimoit pas la mere du Roy, estoit pour les grans rudesses qu’elle lui tenoit : car elle ne

  1. Et me tolli : et m’ôta.
  2. Voyez le fragment suivant, extrait de l’Edition de Poitiers : il contient le même récit.