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variantes

homme[1], contre Vatache, qui lors estoit empereur des Griex.

La Royne, qui nouvèlement estoit relevée de dame Blanche dont elle avoit geu[2] à Jaffe, arriva à Sayette ; car elle estoit venue par mer. Quant j’oy dire qu’ele estoit venue, je me levai de devant le Roy et alai encontre li[3], et ramenai jusques ou chastel. Et quant je reving au Roy, qui estoit en sa chapelle, il me demanda se la Royne et les enfans estoient haitiés[4], et je li diz, Oyl[5]. Et il me dit : « Je soy bien, quant vous vous levates[6] de devant moy, que vous aliés encontre la Royne, et pour ce je vous ait fèt attendre au sermon.» Et ces choses vous ramentois-je, pource que j’avoie jà esté cinq ans entour li, que encore ne m’avoit il parlé de la Royne ne des enfans[7], que je oisse, ne à autrui ; et ce n’estoit pas bone maniere, si comme il me semble, d’estre estrange de sa femme et de ses enfans[8].

Le jour de la Touz-sains je semons[9] touz les riches homes de l’ost en mon hostel, qui estoit sur la mer ; et lors un povre chevalier arriva en une barge, et sa femme et quatre filz que il avoient. Je les fiz venir manger en mon hostel. Quant nous eûmes mangé, je appelai les riches homes qui léans estoient, et leur diz : « Fezon une grant aumosne et deschargons cest povre d’omme de ces enfans ; et preingne chascun le

  1. V. eust alliance à cestuy grant riche homme.
  2. Avoit geu : étoit accouchée.
  3. Encontre li : au devant d’elle.
  4. Haitiés : en bonne santé.
  5. V. et son enffant estoient venuz, et je luy dis que oy.
  6. V. je say bien quant vous vous levastes, etc.
  7. V. de la Royne ne de ses enfans.
  8. V. d’estre estrangier de sa femme et de ses enfans.
  9. Semons : j’invitai.