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TABLEAU

sa présence pour se soulever. Mais ce prince, plongé dans les plaisirs, ne voyant dans le rang suprême que le moyen de satisfaire ses passions, entouré de favoris qui le rendoient l’objet de la haine et du mépris de ses sujets, ajoutoit peu de foi à ces promesses brillantes. D’ailleurs, si l’on en croit les auteurs contemporains, son ministre, Hubert du Bourg étoit secrètement pensionné par Blanche. Il ne répondit donc que foiblement à l’attente des confédérés, et ne fît passer en France que le nombre de troupes absolument nécessaires pour que le comte de Bretagne, qui, le premier, devoit se déclarer, ne fût pas accablé. Il vouloit entretenir les troubles, sans procurer à ses alliés des moyens suffisans pour obtenir un avantage décisif ; politique qui favorisoit beaucoup les grands desseins de la Régente.

Cette princesse, parfaitement instruite des préparatifs et des négociations de Pierre Mauclerc, se mit en campagne avec son fils, au milieu d’un hiver rigoureux, et vint assiéger Bellesmes, ville du Perche [1229]. Le jeune prince, devenu l’idole des troupes, partagea leurs fatigues, et malgré l’extrême délicatesse de sa santé, donna l’exemple de la patience et du courage. Blanche, ne le quittant jamais, toujours à cheval à ses côtés, fixoit tous les regards, et sembloit s’élever au-dessus de son sexe. Le connétable de Montmorency conçut et exécuta le plan de l’attaque ; Bellesmes fut emportée. Le comte de Bretagne fut ensuite vaincu, et Richard lui reprocha de l’avoir trompé sur les dispositions des peuples.

Ce revers ne découragea point Mauclerc et la comtesse de la Marche. Ils employèrent le reste de l’année