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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

en négociations avec le roi d’Angleterre, et parvinrent à lui persuader de venir lui-même en France avec une armée, lui assurant que sa présence seule suffiroit pour produire une révolution. Afin de donner à ce prince des gages certains de sa fidélité, Mauclerc le reconnut pour son seigneur, et se rendit ainsi coupable de félonie envers son Roi. Comptant sur un secours si puissant, il fit partir un chevalier du Temple chargé de défier la Régente et son fils. Ils étoient dans ce moment à Saumur, où la Reine, toujours prévoyante, avoit rassemblé une armée.

Dès le mois de février 1230, elle commença les hostilités et prit la ville d’Angers ; mais elle ne put profiter de ce succès, parce que ses vassaux, parmi lesquels se trouvoient un grand nombre de mécontens, ne voulurent pas, suivant les lois féodales, prolonger leur service au-delà de quarante jours.

Cependant le roi d’Angleterre vint débarquer à Saint-Malo, et se rendit à Nantes, où le comte de Bretagne lui rendit son hommage. Blanche, employant constamment les négociations au milieu de la guerre, parvint à détacher quelques seigneurs bretons de leur prince. André de Vitré, Raoul de Fougères, le seigneur de Coëtquent se déclarèrent pour elle ; ils avoient été opprimés par Mauclerc, et saisirent cette occasion de se venger. D’un autre côté, ses invitations pressantes rappelèrent autour d’elle un grand nombre de vassaux. Avec leur secours, elle marcha sur Ancenis, passage important de la Loire, et s’en empara. Le bruit de ses succès intimida le comte de la Marche qui vint à Clisson se soumettre au Roi, et lui livra les places d’Issoudun et de Langez.