Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
46
TABLEAU


La Reine réunit dans Ancenis une assemblée de seigneurs et de prélats cjui déclara Mauclerc déchu de son fief et de la tutèle de ses enfans. Pour appuyer cette grande détermination par un succès, elle alla mettre le siège devant Oudon, où elle apprit qu’on venoit de faire entrer une garnison anglaise. Cette ville autrefois considérable, et qui n’est plus aujourd’hui qu’une bourgade, fut emportée d’assaut et rasée.

Nantes n’en est éloignée que de quelques lieues. Le roi d’Angleterre, qui s’y trouvoit, ne fit aucun mouvement pour secourir cette malheureuse ville. Uniquement occupé de fêtes et de festins, il ne sembloit être venu en France que pour y continuer la vie molle et voluptueuse qu’il menoit à Londres.

Blanche ne crut pas devoir profiter de ce succès pour pénétrer plus avant dans la Bretagne, pays peu fertile, où ses troupes auroient pu éprouver les horreurs de la famine, et qu’un territoire rempli de ravins, presque couvert de bois, et coupé de distance en distance par des haies impénétrables, rendent très-propre à repousser une invasion. Elle ne comptoit pas non plus sur la fidélité entière de son armée : ses succès seuls pouvoient la lui attacher. La Reine quitta donc la Bretagne avec son fils, après y avoir laissé les troupes nécessaires pour s’opposer aux progrès des Anglais, et convoqua dans la ville de Compiègne une assemblée des grands vassaux. L’ascendant qu’elle avoit obtenu par ses succès aplanit toutes les difficultés ; les seigneurs parurent se soumettre sincèrement au Roi, et la condamnation du comte de Bretagne fut confirmée.

Tandis qu’on tenoit cette assemblée, Henri III,