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TABLEAU

tête des armées de la Régente, mourut à Paris [novembre 1230], et fut enterré dans l’abbaye du Val, où une statue lui fut élevée. À la bataille de Bouvines, il s’étoit singulièrement distingué, et avoit pris seize bannières. Il eut pour successeur dans la charge de connétable Amaulry de Montfort qui, à cette condition, avoit cédé à Louis VIII ses droits sur le comté de Toulouse. Le chancelier Guérin le suivit au tombeau : ce magistrat respectable avoit administré la justice sous trois rois : c’est à lui que nous devons la première idée du trésor des chartres : il voulut que les titres de la Couronne ne suivissent plus le Roi dans ses voyages, et qu’ils fussent déposés dans un lieu sûr.

La Reine ne fut consolée de la perte de ces deux grands hommes que par les belles qualités de son fils qui commençoit à prendre beaucoup de part au gouvernement. Elle s’occupa sérieusement de le marier. Ses vues s’étoient portées d’abord sur Jeanne, fille du comte de Toulouse, qu’elle faisoit élever sous ses yeux ; mais l’extrême jeunesse de cette princesse la lui fit réserver pour un autre de ses fils ; et elle se décida pour Marguerite, fille aînée de Raymond Bérenger, comte de Provence, d’origine espagnole comme elle, puisqu’il descendoit des rois d’Arragon et des comtes de Barcelone. C’étoit, dit Nangis, une charmante princesse, parfaitement élevée, et joignant une grande franchise à beaucoup de délicatesse dans l’esprit. Elle n’étoit âgée que de quatorze ans ; et déjà les poètes provençaux avoient célébré ses charmes et ses qualités brillantes. Le but de Blanche, en l’unissant à son fils, étoit de réunir à la Couronne le comté de Provence dont Marguerite étoit l’héritière présomptive. Gau-