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TABLEAU

de la Sicile et du royaume de Naples. Cette guerre fut violente, et il paroît qu’on y commit dans le commencement d’horribles cruautés : telle n’étoit pas l’intention de Grégoire IX, qui, malgré la fougue de son caractère, avoit les sentimens d’humanité qui convenoient à son rang. Il existe de lui une lettre très-remarquable qui suffit pour faire tomber bien des déclamations. Cette lettre est adressée au cardinal Pelage, son légat près de l’armée de Jean de Brienne, en date du 19 mai 1229. « Votre devoir, lui dit-il, est de diminuer les horreurs de la guerre : il est indigne, dans l’armée de Jésus-Christ, de tuer ou de mutiler ceux à qui l’on peut conserver la vie. Nous avons appris ces cruautés avec la plus profonde douleur. Ah ! mon frère, il ne nous convient pas, à nous qui rappelons au sein de l’Église ses enfans égarés, de les irriter, en prenant plaisir à répandre le sang. L’Église, qui donne sa protection aux criminels pour les délivrer de la mort, doit être bien éloignée de tuer ou de mutiler. Nous vous ordonnons donc de conserver avec soin ceux qui tomberont désormais entre les mains de nos troupes, et de ne leur faire aucun mal, afin qu’ils aient sujet de se réjouir de leur captivité. » Ces sentimens de douceur et d’humanité, consignés dans une des lettres de Grégoire IX, donnent de ce pontife une idée toute différente de celle qu’en ont prise plusieurs historiens modernes.

Frédéric ne resta pas long-temps dans la Terre-Sainte. Après avoir partagé le royaume de Jérusalem avec les Sarrasins, et s’être lui-même couronné roi de ce pays désolé, il revint en Italie, au moment où Jean