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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

de Brienne, appelé au trône de Constantinople, quittoit le commandement des troupes du Pape, Des négociations furent entamées. Frédéric demanda la paix ; elle fut faite dans la ville d’Agnani, où l’Empereur vint trouver Grégoire, se mit à ses genoux, et reçut le baiser de paix.

Depuis 1230, époque à laquelle cette paix fut faite, jusqu’en 1236, la concorde entre les deux puissances ne fut qu’apparente. L’Empereur cherchoit à soulever les seigneurs romains, et le Pape maintenoit la ligue des villes de Lombardie. Deux causes réveillèrent l’aigreur entre Frédéric et Grégoire. Le pontife, toujours zélé pour la délivrance des Chrétiens de la Palestine, pressoit l’Empereur d’entreprendre une nouvelle expédition. Celui-ci, dans sa réponse, ne cacha point ses projets ambitieux. « L’Italie, dit-il, est mon héritage : j’aurois tort d’abandonner ce qui m’appartient pour faire des conquêtes étrangères. » Le Pape n’insista point ; mais il ne vit pas sans effroi que sa ruine étoit décidée. Dans la même année, Frédéric ayant perdu sa seconde femme, Marie, fille de Jean de Brienne, voulut épouser Agnès, sœur d’Ortocar Primislas, roi de Bohême. Cette princesse, alors très-jeune, et qui, depuis, devint une sainte, sachant que Frédéric menoit une vie dissolue, pria le Pape d’engager Primislas à ne pas faire ce mariage. Grégoire ne put se refuser à cette médiation : la princesse prit le voile ; le mariage fut rompu, ce qui donna le plus grand dépit à Frédéric : cependant il dissimula son ressentiment, en se bornant à dire : « Si elle m’avoit quitté pour un homme mortel, j’en aurois tiré ven-