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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

de la Marche : « Où sont, leur dit-il, le comte de Toulouse, le roi d’Arragon, le roi de Castille, et tous ces seigneurs qui devoient se révolter ? C’est, lui répondit Lusignan bien décidé à ne plus écouter Isabelle, c’est votre mère, Sire, qui a fait tout le mal. »

Simon de Montfort, petit-fils de celui qui avoit commandé la croisade contre les Albigeois, étoit au service du roi d’Angleterre, et portoit le nom de comte de Leicester, qu’il devoit bientôt rendre fameux par ses entreprises contre le prince qui l’avoit comblé de bienfaits. Moins intimidé que les autres généraux anglais, il fit rompre la trêve, et livra, près de Saintes, une bataille où la fortune fut quelque temps incertaine, mais où Louis triompha une seconde fois. Le roi d’Angleterre, instruit que Lusignan négocioit secrètement avec ce prince, se réfugia précipitamment à Blaye, et son armée l’y suivit en désordre.

Alors le comte de la Marche, débarrassé d’un allié qui ne pouvoit plus que lui être à charge, envoya l’aîné de ses fils solliciter son pardon. Louis, toujours disposé à l’indulgence, consentit à donner la paix, à condition que Lusignan rendroit au comte de Poitiers, Saintes, Montreuil, Frontenay, Langeai, Saint Gelay et d’autres places ; qu’il abandonneroit le fief de l’Aunis, et que les articles avantageux qu’il avoit obtenus dans le traité de Vendôme seroient révoqués. Lusignan vint ratifier ce traité avec Isabelle et ses deux autres fils. Cette femme altière se jeta aux pieds du Roi, qui parut ignorer son crime.

L’entreprise hardie de Lusignan n’avoit eu une si déplorable issue que parce que le comte de Toulouse,