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TABLEAU

ligue qui n’étoit pas encore bien unie. En peu de temps il fut le maître de toutes les places en deçà de la Charente. Celle de Taillebourg, alors très-forte, défendoit cette rivière. Le pont étoit étroit : il ne pouvoit y passer que quatre hommes de front.

Louis prend la résolution de s’emparer de cette ville dont la possession assuroit le succès de la guerre. Il fait entrer une partie de ses soldats dans des bateaux pour charger l’armée anglaise qui étoit sur l’autre bord, tandis qu’il commande lui-même l’attaque du pont. Après avoir forcé le premier poste, il est repoussé. Alors il met pied à terre, et, accompagné seulement de huit hommes d’armes, il se précipite l’épée à la main, au milieu des ennemis, et pénètre jusqu’à l’extrémité du pont. Les Anglais l’entourent : il se défend avec un courage héroïque, repousse ceux qui fondent sur lui, range en même temps les chevaliers qui accourent pour le secourir, et, parvenu à mettre de l’ordre parmi ces derniers, il renouvelle impétueusement l’attaque, et emporte enfin le pont par un des plus beaux faits d’armes de ce siècle.

Le mouvement opéré par l’autre partie de l’armée, ayant eu un plein succès, les Anglais furent mis en déroute, et Henri alloit être pris, lorsque Richard, son frère, gouverneur de Guyenne, revenu depuis peu de la croisade, s’aboucha avec le comte d’Artois, et demanda un armistice. Conduit au Roi, cet excellent prince lui dit en souriant : « Monsieur le duc, la nuit porte conseil ; donnez-en une bonne au roi d’Angleterre, et faites en sorte qu’il en profite, »

Henri, rempli d’effroi, se réfugia dans Saintes, où il éclata en reproches contre le comte et la comtesse