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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

doit, à cause de sa dignité, parler de lui avec respect. Ses aumônes, ses bonnes œuvres le tireront de la position où de mauvais conseils l’ont placé. » Quand Louis s’exprimoit et se conduisoit ainsi, il n’avoit que vingt-huit ans. Paroissant entièrement rétabli de sa maladie, il revint à Paris en 1243.

N’ayant pu interrompre le récit de cette guerre glorieuse, nous reprenons les affaires de l’Église où nous les avons laissées.

Le 20 août 1241, le pape Grégoire IX mourut à Rome au moment où il y étoit bloqué par les troupes de Frédéric. Cette mort, qui paroissoit devoir changer la face des affaires, et préparer les voies d’une paix solide entre le saint Siège et l’Empire, ne fit qu’augmenter le désordre.

La plupart des cardinaux étant prisonniers de Frédéric, il ne s’en trouva que dix pour l’élection ; leurs suffrages se partagèrent entre Geoffroy, évêque de Sabine, et Romain, cardinal de Saint-Ange, ancien ministre de Blanche. L’Empereur rejeta le dernier, et prit pour prétexte les mauvais bruits qui, disoit-il, avoient couru sur sa liaison avec cette Reine, ce qui prouve que la calomnie imaginée et répandue autrefois par le comte de Champagne avoit eu quelque crédit en Europe. Geoffroy fut élu, prit le nom de Célestin IV, et mourut seize jours après. Le Siège fut vacant un an et huit mois : Frédéric ne vouloit pas relâcher les cardinaux prisonniers, et sembloit avoir le projet bien arrêté d’empêcher qu’on ne choisît un pape.

Louis, irrité de l’outrage fait à sa mère, ne sortit pas cependant des bornes de sa modération accou-