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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/82

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TABLEAU

Robert, comte d’Artois, Alphonse, comte de Poitiers, six barons auxquels le Roi témoignoit la plus grande confiance, et deux envoyés de Frédéric, se rendirent aussi dans cette abbaye, où devoient être débattus les plus grands intérêts. L’abbé de Citeaux remplit avec beaucoup de zèle la commission dont il avoit été chargé par le Pape. Louis fut attendri de la position du pontife ; mais, ne se laissant pas entraîner par ce premier mouvement, il mit l’affaire en délibération dans son conseil. Les barons, et même la reine Blanche, pensèrent qu’il seroit imprudent, dans les circonstances où l’on se trouvoit, de recevoir le Pape en France. Quoique le public fût moins à portée que de nos jours de s’occuper des affaires politiques, cependant les différends de la cour de Rome avec l’Empereur duroient depuis si long-temps, et avoient fait tant d’éclat, que chacun prenoit parti pour l’une ou l’autre puissance. Des scandales avoient même eu lieu dans quelques églises, lorsqu’on avoit publié l’excommunication prononcée par Grégoire IX. Les barons craignirent donc que la présence du Pape ne rendît cette division plus active, et que le pouvoir royal ne fût éclipsé par celui de la tiare. Louis se rendit à cet avis. Il refusa l’asyle, mais il promit de secourir l’Église s’il la voyoit injustement opprimée. Le Pape, qui se croyoit en droit de disposer des couronnes, faisoit une cruelle épreuve des vicissitudes humaines : presque tous les royaumes chrétiens lui étoient fermés ; car, ayant fait la même demande aux rois d’Angleterre et d’Arragon, il en avoit reçu la même réponse. Cependant son ame inflexible et ferme ne fut point ébranlée : il se rendit à Lyon, ville qui rele-