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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/81

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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS.

surprendre le Pape, et lui tendit des piéges auxquels le hasard seul le fit échapper.

Innocent IV fit une dernière tentative pour obtenir la paix de l’Empereur. Il s’avança jusqu’à Sestri le 28 juin 1244 ; et ce jour même il apprit que trois cents chevaliers devoient l’enlever la nuit suivante. Il ne fit part de son danger qu’à ses plus intimes confidens. À minuit, après avoir congédié sa cour comme s’il eût voulu se livrer au repos, il dépose les marques de sa dignité, s’arme à la légère, monte sur un excellent cheval, et part secrètement. Il avoit fait onze lieues avant le point du jour ; et le 29 il parut aux portes de Civita-Vecchia, où une flotte génoise l’attendoit pour le conduire dans sa patrie. Là il s’embarque avec sept cardinaux, auxquels il avoit donné rendez-vous ; et, après avoir couru mille dangers, il arrive à Gênes le mardi 5 juillet.

Le Pape, ne se croyant pas encore en sûreté contre les ressentimens d’un ennemi implacable, désira vivement d’obtenir un asyle en France. Il profita d’un chapitre général qui alloit se tenir à Citeaux, où Louis devoit se trouver, pour faire solliciter cette grâce. Il écrivit donc à l’abbé, en le priant de supplier le Roi, à genoux et les mains jointes, de prendre sa défense contre Frédéric : il ajoutoit qu’il espéroit être reçu en France comme l’avoient été jadis Alexandre III persécuté par Frédéric Ier, et saint Thomas de Cantorbéry proscrit par Henri II.

Louis arriva quelques jours après à Citeaux, accompagné de la reine Blanche. Cette princesse avoit obtenu de Grégoire IX la permission d’entrer dans les couvens d’hommes avec douze dames de sa suite.