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TABLEAU

cour sévère, et dont les qualités solides méritoient toute l’estime de son époux, elle sembla craindre que le cœur de Louis ne se livrât trop à un attachement où le penchant l’entraînoit autant que le devoir. Elle chercha donc à réprimer ce qu’elle trouvoit de trop passionné dans le commerce des deux époux ; souvent elle les séparoit sous divers prétextes. Un jour surtout, elle se permit un acte d’autorité, qui resta profondément gravé dans la mémoire de Marguerite, et qui mit beaucoup de froideur entre ces deux princesses. La jeune Reine étoit malade, et Louis se trouvoit auprès d’elle ; Blanche entra dans la chambre, témoigna de l’humeur, prit son fils par la main, et lui dit : u Venez, vous ne faites rien ici. — Hélas ! s’écria douloureusement Marguerite, ne me laisserez-vous pas voir monseigneur en la vie, ni en la mort. ? » Ce n’étoit pas, comme on le verra bientôt, l’ambition qui dirigeoit Blanche dans cette conduite qui lui auroit aliéné un tout autre fils : c’étoit une tendresse jalouse qui ne vouloit souffrir aucun partage.

Louis, fortement occupé des affaires de l’Église, ne perdoit pas de vue les moyens d’assurer pour toujours la paix dans son royaume. Par une suite nécessaire des anciennes guerres avec l’Angleterre, et des principes du gouvernement féodal, plusieurs seigneurs, propriétaires de fiefs dans les deux États, reconnoissoient en effet deux souverains. Lorsque la guerre éclatoit, ils choisissoient le parti qui leur paroissoit le plus avantageux, et n’éprouvoient d’autre inconvénient qu’un séquestre temporaire de la part du souverain contre lequel ils se déclaroient. Louis,