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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/85

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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS.

convaincu par l’expérience que cette double vassalité nuisoit au bien de l’État, en ce qu’elle donnoit des prétextes en quelque sorte légitimes d’avoir des relations avec l’ennemi, décida que les seigneurs seroient tenus de choisir, dans un délai fixé, entre les deux suzerains, et qu’ils ne garderoient des fiefs que dans l’un des deux royaumes. Ses victoires l’avoient rendu redoutable : il n’éprouva aucune opposition. Ce fut alors que Simon de Montfort, que nous avons vu figurer à la bataille de Saintes, devint définitivement un seigneur anglais, et ne s’appela plus que le comte de Leicester.

Au milieu des grands événemens qui se préparoient, une maladie mit en danger les jours du Roi, et changea le cours des choses. Louis n’avoit pas été entièrement guéri de la fièvre contagieuse dont il s’étoit trouvé frappé dans sa dernière expédition. Sa santé, depuis cette époque, avoit toujours été languissante ; l’activité de son esprit et les affaires importantes dont il s’étoit occupé lui avoient fait négliger toute espèce de soins. Se trouvant à Pontoise au mois de décembre 1244, il éprouva une rechute ; le mal fit d’étonnans progrès, et bientôt on désespéra de sa vie. Il n’étoit âgé que de trente ans, et les bienfaits qu’il avoit répandus sur la France le rendoient l’objet de son amour. Aussitôt que son danger fut connu, plusieurs prélats et plusieurs seigneurs accoururent à Pontoise, d’où ils transmettoient à chaque instant des nouvelles qui ne calmoient point les inquiétudes des Français. Dans toutes les églises on fit des aumônes, des prières et des processions pour fléchir la colère du ciel. La reine Blanche pria Eudes Clément, abbé de Saint-Denis, de