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TABLEAU

tirer des caveaux les corps des saints martyrs, et de les exposer ; cérémonie qui ne se faisoit que dans les plus grandes calamités. De toutes parts, on vint à Sainl-Denis ; les châsses furent portées dans les rues ; on les suivoit nu-pieds et fondant en larmes.

Au moment où l’on n’avoit plus aucun espoir, Louis tomba dans un long évanouissement. Les personnes qui le servoient le crurent mort, et firent sortir les deux reines : il ne restoit dans la chambre que deux dames : l’une voulut couvrir le visage du Boi ; l’autre s’y opposa, ne pouvant se figurer qu’il eût rendu le dernier soupir. À l’instant il parut se ranimer, et prononça ces mots : « La lumière de l’Orient s’est répandue sur moi par la grâce du Seigneur, et m’a rappelé d’entre les morts ». Les transports de la joie succèdent au désespoir, les deux reines rentrent, pouvant à peine croire qu’elles ont retrouvé un fils et un époux : mais quel est leur étonnement, lorsqu’ayant fait appeler Guillaume, évêque de Paris, elles l’entendent prier ce prélat de lui donner la croix ! Elles se jettent à ses pieds, le conjurant d’attendre qu’il soit guéri. Il répond qu’il ne prendra point de nourriture, avant d’avoir obtenu le signe de la croisade. Guillaume n’ose le lui refuser.

Le rétablissement de Louis fut prompt. Il fixa son départ à deux ans, et écrivit aux Chrétiens de la Terre sainte de reprendre courage, leur promettant de puissans secours.

Cependant le concile général convoqué dans la ville de Lyon, s’assembla le 28 juin 1245, et fixa toute l’attention de Louis, qui cependant ne jugea