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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

geoit pas. Il lui dit qu’il obtiendroit facilement une dispense du Pape à cause de la foiblesse de sa santé, qui ne lui permettoit pas d’entreprendre, sans le plus grand danger, un si long voyage. Ensuite il lui peignit de la manière la plus pathétique la situation de la France à peine pacifiée. Non-seulement les forces de Frédéric et les artifices du roi d’Angleterre sont à redouter ; mais on doit craindre l’esprit séditieux des Poitevins, et l’inquiétude des Albigeois. L’Allemagne et l’Italie étant livrées aux fureurs des guerres civiles, il est difficile, pour ne pas dire impossible d’aller à la Terre sainte, et d’y conserver des communications avec la France. Blanche prit alors la parole, et puisa ses raisons plus dans sa tendresse que dans la politique. « Mon cher fils, dit-elle à Louis, écoutez les conseils de vos amis, et ne vous en rapportez pas uniquement à votre propre sens, Souvenez-vous que l’obéissance à une mère est agréable à Dieu. Restez ici, la Terre sainte n’y perdra pas. Vous enverrez des troupes en plus grand nombre que si vous partiez vous-même. Dieu n’exige pas l’impossible. L’état où vous étiez lorsque vous avez fait le serment fatal, est pour vous une excuse suffisante. » Louis, après avoir réfléchi quelques momens, répondit : « Vous croyez que ma « raison étoit égarée lorsque j’ai pris la croix : hé bien, je la quitte, comme vous le désirez. » Alors il la détacha et la remit entre les mains de l’évêque. Blanche, transportée de joie, croyoit avoir triomphé, lorsque son fils poursuivit ainsi : « Maintenant, vous n’en doutez point, je ne suis pas dans le délire, je ne suis pas malade. Or je vous demande ma