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DES MANUSCRITS ARABES.

encore quelques jours ; que si ce prince vouloit les inquiéter, ils seroient toujours les maîtres de s’en défaire.

Nedjin-Eddin, malgré le triste état où il se trouvoit ordonna son départ pour Mansoura ; il monta dans son bateau de guerre[1] et arriva le mercredi 25 de la lune de Sefer [9 juin 1249]. Il mit cette ville en état de défense, et toute l’armée étoit occupée à ce travail : les bateaux que ce prince avoit commandés, avant son départ, arrivèrent chargés de soldats et de munitions de toute espèce. Tous ceux qui étoient en état de porter les armes venoient se ranger sous ses étendards ; les Arabes surtout s’y rendirent en grand nombre.

Dans le même temps que le Sultan faisoit tous ces préparatifs, les Français ajoutoient de nouvelles fortifications à Damiette et y mettoient une nombreuse garnison.

Le lundi dernier jour de la lune de Rebiul-ewel [lundi 12 juillet 1249], l’on conduisit au Caire trente six prisonniers Chrétiens, de ceux qui gardoient le camp contre les courses des Arabes, parmi lesquels il y avoit deux cavaliers. Le 5 de la même lune, on y en avoit conduit trente-sept ; le 7, vingt-deux, et le 16 [20, 22 et 30 juin], quarante-cinq, parmi lesquels il y avoit trois cavaliers.

Différens princes Chrétiens possesseurs des côtes de la Syrie, avoient accompagné les Français, et leurs

  1. Bateau de guerre : le terme arabe signifie proprement bateau à artifice, on se servoit sans doute de ces bateaux pour mettre les matières du feu grégeois et les machines propres à le lancer : Makrizi dans l’histoire du premier siège de Damiette, parle beaucoup de ces brûlots, et dit même que les Musulmans s’en servoient pour mettre le feu aux vaisseaux des Chrétiens.