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EXTRAITS

places se trouvoient dégarnies : les habitans de Damas choisirent ce temps-là pour mettre le siège devant Seyde. Cette ville, après quelque résistance, fut obligée de se rendre ; la nouvelle de cette prise portée au Caire y causa une joie extrême : elle sembla consoler de la perte de Damiette.

On faisoit presque tous les jours des prisonniers sur les Français ; l’on en conduisit cinquante, le 18 de la lune de Diemazil-ewel [29 août 1249].

La maladie du sultan alloit toujours en empirant, et les médecins désespéroient de sa guérison ; il étoit attaqué en même temps d’une fistule et d’un ulcère au poumon ; il expira enfin la nuit du lundi, le 15 de la lune de Chaban [lundi 22 nov.], après avoir désigné pour son successeur, son fils Touran-Chah.

Nejdm-Eddin étoit âgé de quarante-quatre ans, et en avoit régné dix : ce fut lui qui institua la milice des esclaves ou Mamelucs Baharites[1], ainsi appelés parce

  1. Esclaves Baharites. Melikul-Salih-Nedjm-Eddin, fils de Melikul-Kamil, le pénultième des princes de la dynastie des Eioubites, fraya, pour ainsi dire, le chemin du trône à ces esclaves. Ce Prince assiégeait Napoulous ; ses troupes l’abandonnèrent lâchement ; les esclaves Baharites soutinrent seuls le choc de l’ennemi, et donnèrent le temps à Nedjm-Eddin de se sauver. Depuis cet instant, ce prince leur donna toute sa confiance : appelé peu de temps après par les Égyptiens pour être leur Sultan à la place de son frère Melikul-Adil-Seif-Eddin, il combla de bienfaits ces esclaves et les éleva aux premières dignités de l’État. Il quitta le château, résidence ordinaire des Sultans, pour venir habiter celui qu’il avait fait construire dans une petite île nommée Raoudah, vis-à-vis le vieux Caire ; les esclaves Baharites en eurent la garde ; et c’est de là qu’ils prirent le nom de Baharites ou Maritimes, les Arabes donnant le nom de mer aux grands fleuves comme à la mer même. L’historien Makrizi dit que ces Esclaves ou Mamelucs baharites étaient au nombre de huit cents lors de l’expédition de S. Louis : ce furent eux qui, à la journée de la Mansoura, repoussèrent ce Prince, qui était déjà parvenu jusques au