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sire, mais il ne le voulut plus : et encore plus, il dit qu’il ne bouteroit ja hors ce jour bannière ne pennon, mais se vouloit combattre dessous la bannière de Messire Jean de Bueil[1]. » Quelquefois il y avoit deux cris généraux dans une même armée ; mais c’estoit lorsqu’elle estoit composée de deux différentes nations. Ainsi en la bataille qui fut donnée entre le bâtard Henry de Castille, et le roy dom Pietre, on cria de la part des Espagnols, Castille au roy Henry ; et de la part des François qui estoient au secours, et dans l’armée du même Henry, sous la conduite de Bertrand du Guesclin, on cria Nostre Dame Guesclin[2].

Souvent toutefois dans les batailles on crioit le cry du prince, quoy qu’il n’y fust pas présent. La chronique de Flandres[3] racontant un combat qui fut donné en Gascongne entre le comte d’Artois, général du roy Philippes le Bel, et les Gascons et les Anglois, le comte de Foix, qui estoit joint aux troupes de France s’avança et cria Montjoie a haute voix, et assembla a ses ennemis. En la bataille de Furnes l’an 1297, le même comte d’Artois y cria encore Montjoie. Il est vray que le cry des comtes d’Artois estoit aussi Montjoie, comme il sera dit cy-après ; ce qui pourroit faire douter que l’on ait alors crié son cry, plutôt que celui du roy. Quoy qu’il en soit, on peut justifier par quelques passages de Monstrelet, et autres, que l’on a souvent crié le cry du roy de France en son absence. Mais quant au cry du banneret, il ne se crioit point en son absence, quoy que ses troupes fussent en l’armée ; comme nous apprenons de Froissart[4].

  1. Froissart, 3. vol. c. 75.
  2. Froiss. i. vol. c. 245.
  3. Chron. de Fland. c. 34, 36.
  4. Froiss. i. vol. c. 116, 117.