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DES MANUSCRITS ARABES.

les tribus Arabes, une multitude innombrable de soldats se sont rangés sous nos étendards : la nuit du mardi au mercredi nos ennemis ont abandonné leur camp avec tout leur bagage, et ont marché vers Damiette ; malgré l’obscurité de la nuit nous les avons poursuivis ; trente mille des leurs sont restés sur la place, sans compter ceux qui se sont précipités dans le Nil ; nous avons fait périr et jeter dans le même fleuve les captifs sans nombre que nous avions faits : leur Roi s’étoit retiré à Minieh ; il a imploré notre clémence, nous lui avons accordé la vie, et rendu les honneurs qu’exigeoit sa qualité : nous avons repris Damiette. »

Le Sultan avec la lettre envoya le bonnet du Roi, qui étoit tombé durant le combat ; il étoit d’écarlate, garni d’une fourrure de petit-gris ; le gouverneur de Damas mit sur sa tête le bonnet du roi de France, pour faire en public la lecture de cette lettre. Un poëte fit ces vers à l’occasion de ce bonnet.

Le bonnet du Français étoit plus blanc que du papier ; nos sabres l’ont teint du sang de l’ennemi et ont changé sa couleur.

La vie sombre et retirée que menoit le Sultan avoit irrité tous les esprits ; il n’avoit de confiance que dans un certain nombre de favoris, qu’il avoit amenés avec lui de Husn-Keifa ; il les avoit revêtus des premières charges de l’État, dont il avoit dépouillé les anciens serviteurs de son père ; il témoignoit surtout une haine implacable contre les esclaves baharites, quoiqu’ils eussent tant contribué à la dernière victoire ; ses débauches épuisoient ses revenus, et, pour y subvenir, il