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DES MANUSCRITS ARABES.

claves baharites avoient été charges de cette exécution : ce fratricide ne resta pas impuni, et les quatre mêmes esclaves furent les plus acharnés à le faire périr. Dans ce prince s’éteignit la dynastie des Eioubites, qui avoit possédé l’Égypte quatre-vingts années sous huit différens rois.

Après le massacre de Touran-Chah, la sultane Chegeret-Eddur fut déclarée souveraine de l’Égypte ; c’est la première esclave qui ait régné dans ce pays : cette princesse étoit Turque, d’autres disent Arménienne ; le sultan Nedjm-Eddin l’avoit achetée et l’aimoit si éperduement, qu’il la menoit à la guerre avec lui et ne la quittoit jamais : elle eut un fils de ce sultan, qui fut nommé Khalil, et qui étoit mort en bas âge. L’émir Azeddin-Aibegh, Turcoman de nation, fut nommé général des troupes ; le nom de la Sultane fut mis sur la monnoie.

L’émir Abou-Ali fut nommé pour traiter avec le roi de France, de sa rançon et de la reddition de Damiette : après bien des conférences et des contestations, il fut arrêté que les Français évacueroient Damiette, et que le Roi et tous les prisonniers qui étoient en Égypte auroient leur liberté, sous la condition de payer comptant la moitié de la somme qu’on fixeroit pour la rançon. Le roi de France commanda au gouverneur de Damiette de rendre cette ville ; mais il refusa d’obéir, et il fallut de nouveaux ordres : enfin cette ville rentra sous le pouvoir des Musulmans, après avoir resté onze mois entre les mains des ennemis ; le Roi paya quatre cent mille pièces d’or, tant pour sa rançon que pour celles de la Reine, de son frère et des autres seigneurs qui étoient avec lui ; tous les Francs qui avoient été pris sous les règnes des sultans Hadil-Kamil, Salih-Nedjm-Eddin et