Touran-Chah furent délivrés ; ils étoient au nombre de douze mille cent hommes et dix femmes. Le Roi avec tous les Français passa à la rive occidentale du Nil et s’embarqua un samedi pour Acre [samedi 7 mai 1250. Joinville met le samedi après l’Ascension ].
Le poète Essahib-Giémal-Edden-ben-Matroub, fit à l’occasion du départ de ce Prince les vers suivans :
Portez au roi de France, lorsque vous le verrez, ces paroles tracées par un partisan de la vérité :
La mort des serviteurs du Messie a été la récompense que Dieu vous a donnée.
Vous avez abordé en Égypte, comptant vous en emparer ; vous vous étiez imaginé qu’elle n’étoit peuplée que de gens lâches, ô vous ! qui êtes un tambour rempli de vent.
Vous croyiez que le moment de perdre les Musulmans étoit venu, et cette fausse idée a aplani à vos yeux toutes les difficultés.
Par votre belle conduite vous avez abandonné vos soldats dans les plaines de l’Égypte, et le tombeau s’est entr’ouvert sous leurs pas.
Que reste-t-il de soixante dix mille qui vous accompagnoient ? des morts, des blessés, ou des prisonniers !
Que Dieu vous inspire souvent de pareils desseins ; ils causeront la ruine de tous les Chrétiens, et l’Égypte n’aura plus rien à redouter de leur fureur.
Sans doute vos prêtres vous annonçoient des victoires ; leurs prédictions étoient fausses.
Rapportez-vous en à un oracle plus éclairé :
Si le désir de la vengeance vous pousse à retourner en Égypte, il vous assure que la maison de Lockman